Le Lycée Montaigne accueille Ara Khatchadourian, l'alpiniste qui a gravi l'Everest

Bijoutier de formation, le Marseillais Ara Khatchadourian, un arménien d’origine, libanais de naissance et marseillais d’adoption a gravi l'Everest. Retour sur une aventure faite de préparation et dépassement de soi avec les élèves de 6ème et de 5ème du Lycée Montaigne.

 

 «A 9 ans, j’ai connu la guerre et j’ai quitté l’école à 16 ans. A 19 ans, je suis arrivé à Marseille. Je devais y rester 3 mois, j’y suis encore… » raconte-t-il très simplement.  A 24 ans, Ara Khatchadourian se met à son compte et ouvre une bijouterie, puis une deuxième quelques années plus tard. Le sport n’a pas de place dans sa vie, trop remplie par le travail.

C’est à 40 ans, lors d’un voyage au Liban, qu’il découvre la course à pied. A son retour en France, il lève le pied au travail pour enfiler, de plus en plus régulièrement ses baskets. Au sein du club Marseille Passion, il enchaîne les marathons. C’est à cette époque qu’il découvre la haute montagne. Le virus du dépassement de soi est alors contracté. « C’est comme une drogue » avoue-t-il. Il enchaînera ensuite avec le Mont Ararat, le Kilimandjaro, des sommets en Bolivie, puis le Pic Lénine et ses 7 134 mètres.

Puis l’Everest… « C’est vrai que j’aime me fixer des challenges et mettre des limites assez hautes, mais cette aventure a commencé comme une blague ». C’est lors d’une discussion, pendant une soirée de la Jeunesse Arménienne de France, à Marseille, qu’une connaissance lui demande si son prochain sommet sera l’Everest. «  Mes parents n’ont jamais cru en moi. Quand quelqu’un croit en moi, je trouve cela extraordinaire. J’ai dit "pourquoi pas" et l’association m’a dit qu’elle me soutiendrait » se rappelle Ara Khatchadourian. Et il y va, lève les fonds, avec l’aide de mécènes et de la communauté arménienne. D’autant plus que son sommet, il veut le gravir en portant le drapeau de la communauté arménienne, dans le cadre des 100 ans du génocide.

Le 22 mai 2016, il foule, enfin, le sommet. Si la montée n’était pas simple, la descente a été une épreuve douloureuse. « Nous nous sommes retrouvés à 6 dans une seule petite tente d’altitude à 8 300 mètres. J’avais les doigts gelés, je ne voyais plus que d’un seul œil et encore c’était flou, parce que j’avais enlevé mes lunettes. Mes pieds aussi semblaient gelés.», raconte Ara Khatchadourian. A cette altitude l’état de santé se dégrade vite par manque d’oxygène et froid. C’est la zone de la mort. A cause de la glace, qui colle ses lacets, il ne peut défaire ses chaussures pour masser ses pieds et doit subir la douleur. « Il fallait attendre le jour et poursuivre la descente au plus vite ». 7 100 mètres. Puis 6 400 mètres… Voici enfin le camp de base avancé où il peut reprendre des forces et constater son mauvais état de santé : visage, mains et pieds gelés« Aujourd’hui encore je suis soigné tous les jours, dans un caisson pour essayer de récupérer les extrémités de mes pieds » raconte-t-il.

Le récit est impressionnant, le documentaire encore plus captivant  et les élèves attentifs à ce récit qui les passionnent et, qui semble-t-il soulève des ambitions.